samedi 11 août 2012

10 août – Jour 68


Un coin tranquille sur le site des ruines 
Eh bien voilà. L’expérience tire à sa fin. Nous avons déjà quitté le Hogar pour Copán, près de la frontière du Guatemala. Nous avons choisi cette ville pour conclure notre stage et nous préparer au retour. D'ailleurs, nous en avons profité pour visiter les ruines mayas au passage.

Les deux dernières semaines au Hogar ont été extrêmement intenses. Bon, j'avoue que le stage au complet était intense. J’assumais la mise en scène du poème Lo esencial, tandis que ma nouvelle collaboratrice officielle, Andréann, s’impliquait davantage dans la préparation des deux numéros de marionnettes que nous avons écrits ensemble. En règle générale, ça s’est bien déroulé avec le groupe du poème dont les membres étaient assez sérieux au travail. Le défi avec eux était de repousser les limites de leur timidité. Du côté des marionnettes, nous avions choisi des jeunes beaucoup plus agités. Ils avaient certes un très bon potentiel comique, mais c’était du sport que d’éveiller leur intérêt et de le maintenir suffisamment élevé pour les inciter à s'investir.

La finale du poème, Lo esencial
Légèrement angoissées en voyant le temps nous filer les doigts avant le spectacle, nous avons donné tout ce que nous avions, sachant qu’on n’attendait pas moins qu’un miracle avec ces jeunes difficiles. Parallèlement, pour la direction artistique, nous avons entretenu une collaboration très fructueuse avec la mère de deux des enfants, qui s’impliquait déjà considérablement au Hogar de façon bénévole. Ça nous permit d’avoir tous les éléments scénographiques prêts à temps.

Et nous avons réussi.
Une de nos deux équipes de marionnettistes
Une deuxième fois. J
Les interprètes du poème ont offert une belle présentation (sans trop quêter leurs cues en me regardant du coin de l’œil…), les marionnettistes ont bien fait rigoler le public et ont illuminé le visage du directeur, Don José, et enfin, il y eut notre superbe chorégraphie de danse folklorique hondurienne. C’était une joie immense de recevoir l’étreinte de satisfaction et d’allégresse de nos jeunes danseurs après la représentation. De plus, j’ai étiré le plaisir les jours suivants en prenant à part chacun de nos petits comédiens pour les féliciter de leur performance. Quel bonheur ce fut que de voir leur mine réjouie et rouge de fierté!

Par la suite, nous avons eu une réunion avec le personnel du Hogar pour évaluer notre projet dans son ensemble et émettre nos conclusions. Ça nous a procuré un bien fou d’entendre les bons mots du directeur, de la travailleuse sociale et des éducateurs. Parmi les réussites soulignées, il y avait notamment la diminution du taux de violence entre les enfants depuis notre arrivée, puis l’accroissement de leur estime de soi, de leur créativité et de leur intérêt pour l’art. Don José conclut en disant qu’un tel projet répondait amplement aux besoins exprimés initialement et confirma ainsi sa pertinence.  

Une partie du cuadro de danza del Hogar Diamante!
La dernière étape était la plus délicate : celle de l’adieu aux enfants. En partageant leur lieu de vie, leurs repas, leur routine et en les accompagnant de près au quotidien, nous avons développé avec eux un lien débordant largement du cadre des activités artistiques. La rupture à vivre était donc éprouvante autant pour eux que pour nous. Les derniers jours furent franchement larmoyants. Du mieux que nous pouvions, nous avons tenté de consoler les plus jeunes comme les plus vieux, un par un. Inspirée par Dr Seuss qui m’avait été cité antérieurement, j’aimais bien leur faire voir que, plutôt que d’avoir l’âme en peine parce que ça se terminait, il valait mieux se réjouir d’avoir vécu cette expérience et de porter désormais en nous tous ces précieux souvenirs. Chaque fois où j'ai partagé ces paroles, je fus soulagée de percevoir ensuite une douce accalmie dans les sanglots.

Aaaaaay! Je crois que je vais terriblement m’ennuyer de ces petits hommes...

Crédit photographique: Marie-France Auger

mercredi 25 juillet 2012

23 juillet – Jour 50



Moi qui gambade sur la plage à Triunfo de la Cruz!
Crédit: Élyse Brodeur-Magna
Lecture sous les palmiers, balades sur la plage déserte, baignade dans les vagues chaudes, roupillons calés dans un hamac, bâfrées de fruits de mer et riz à la noix de coco… Ça fait rêver, non? On avait du mal à y croire, mais ça résume bel et bien notre semaine de vacances hors de notre communauté d’accueil et loin des hordes de touristes. Nous nous préparions à séjourner dans deux villages côtiers avec l’intention louable d’explorer la région, mais nous n’avons pas tardé à embrasser le rythme local : l’art d’être cool et relax à son apogée. Il y avait longtemps que je ne m’étais offert une telle oisiveté. S’y est ajouté le bonheur de rencontrer un contraste culturel étonnant au sein d’un même pays; le peuple garifuna est vrai, chaleureux, décontracté et riche d’une identité ancestrale distincte. D’ailleurs, il évoque très bien l’idée que je me fais du continent africain.

Nous sommes descendues en flottant de notre nuage pour retrouver notre bande de petits garnements. Ouf… Pour être franche le retour au Hogar ne fut pas tout de repos!

En répétition avec le nouveau groupe
Crédit: Andréann Lahaie
Tout d’abord nous en étions à effectuer l’échange entre nos deux groupes de jeunes. En théâtre, cela impliquait  de recommencer à neuf avec, cette fois, aucun projet sur lequel s’appuyer. La première phase du processus de création peut parfois tourmenter autant qu’exalter. C’est bon sentir qu’on détient les rênes, qu’on est libre d’aller où bon nous semble. Mais ça provoque également le vertige que de choisir les éléments qui sous-tendront les trois prochaines semaines de travail, surtout lorsqu’on souhaite que les enfants s’approprient suffisamment le projet pour qu’il perdure malgré notre départ. En d’autres mots, tu veux pas manquer ta shot!

Parallèlement, plusieurs d’entre nous ont traversé des épisodes agrémentés d’un ensemble de symptômes sympathiques (nausées, étourdissements, problèmes de digestion, migraines…) vraisemblablement attribuables à notre médication antipaludéenne. Le tout fut couronné par la surprise réjouissante d’apprendre que la pompe du village était kaput et que nous serions ainsi privées de l’arrivée d’eau déjà rare et arbitraire. Je vous épargnerai les détails, mais vous pouvez vous figurer le moral de nos troupes qui doivent économiser le peu d’eau qu’il nous reste, au moment précis où la moitié d’entre nous sont aux prises avec des turbulences gastriques…

Enfin, il y avait l’effet incontournable du trois-quarts. Selon ma théorie que j’ai fondée sur des constantes observées au fil d’expériences très poussées, le troisième quart d’un séjour à l’étranger serait généralement le plus éprouvant. C’est là qu’on est plus susceptible de lassitude, de nostalgie et d’abattement. Ajoutez les facteurs susmentionnés et vous récoltez l’effet trois-quarts à son zénith! Mais tout est bien qui finit bien puisque nous entrons maintenant dans le dernier quart, soit l’un des trois meilleurs!!...

Pour ma part, j’ai effectivement repris du poil de la bête et nos nouveaux projets en théâtre m’enthousiasment malgré les difficultés qu’ils comportent. Nous préparons une courte pièce intégrant les marionnettes que les jeunes ont conçues lors d’une activité du volet « Arts visuels », en plus d’une interprétation imagée du poème d’Alfonso Guillén Zelaya, Lo esencial. Par ailleurs, nous avons consenti à suivre quelques leçons de danse folklorique afin que nos petits hommes aient l’opportunité d’apprendre les pas avec des partenaires.

Je vous laisse sur quelques photos magnifiques prises par Élyse le 20 juillet, Día de Lempira, une fête honorant le héros indigène de l’histoire hondurienne.  

Concours de costumes
Josué













Rolando, qu'on a élu comme grand gagnant!
Emerson


dimanche 8 juillet 2012

7 juillet – Jour 34


Chaîne de rires! 

Nous en sommes déjà à conclure la première moitié de notre stage. Après notre semaine d’observation, nous avons disposé de quatre semaines pour tout d’abord nous doter d’une structure de travail, puis initier les enfants à différentes formes d’expression artistique, élaborer avec eux certaines œuvres, puis réaliser d’autres projets tels que l’aide aux devoirs et la collecte de témoignages pour un projet éducatif québécois sur les droits des enfants au Honduras.

Pour la participation aux activités artistiques, nous avons divisé l’ensemble des enfants en deux sous-groupes : l’un en arts visuels et l’autre en arts de la scène. Puis, pour l’animation, nous avons réparti notre équipe selon nos intérêts et notre expertise. Je fus désignée responsable du volet arts de la scène, bénéficiant toujours de l’aide d’une ou deux autres stagiaires.

Nous avons tiré profit du nombre infime d’heures allouées à nos activités pour déployer un éventail d’exercices axés sur les objectifs formulés par le Hogar, soit que les enfants puissent se réaliser par l’art, augmenter leur degré de confiance en eux, apprendre à régler les conflits sans violence et développer un sentiment d’appartenance au groupe. Aussi, nous devions monter un court spectacle de même qu’une exposition en prévision du 27e anniversaire du Hogar, le 1er juillet. Bref, pas le moindre des défis.

Enregistrement de la nouvelle version de la chanson
El mamut
Du côté des arts de la scène, nous avions heureusement une matière première à façonner. En effet, à notre arrivée, les enfants nous avaient présenté une danse typique, la punta, et trois saynètes sur fond musical. Nous avons sélectionné deux d’entre elles, soit El niño y la boda, puis El Mamùt. Dans la première chanson, un enfant laisse sa mère mourante pour découvrir que son père se remarie avec une autre femme, et dans la deuxième, un mammouth s’initie à divers vices grâce à ses amis, pour se farcir ensuite un cancer, une cirrhose, le sida et mourir d’une overdose de cocaïne… (Je crois qu’on sous-estime la latitude jusqu’à laquelle s’est propagé le concept d’happy end…)   Nous avons donc réussi miraculeusement à enchâsser l’une des pièces dans l’autre, à inclure davantage de personnages, à insuffler une dose de dynamisme à la mise en scène et à ajouter une portion POSITIVE à l’histoire.

L'une des petites danseuses folkloriques
du village paradant devant
l'exposition, le jour du spectacle
Il va sans dire que nous avons subi notre lot de découragements, de doutes et d’épuisements, mais nous avons survécu et vaincu! Le 1er juillet, 240 personnes se sont présentées au Hogar pour célébrer l’anniversaire, et ce fut la plus belle des récompenses que de constater comment la pièce revisitée et l’exposition furent accueillies chaleureusement par le public, satisfirent l’équipe du Hogar et surtout, furent source de fierté pour les enfants.

Nous avons maintenant droit à une semaine de repos bien méritée. Nous en profiterons pour faire le point et le plein d’énergie avant de revenir dans la communauté et de recommencer à neuf, puisqu’on inversera alors les deux groupes et qu’on devra monter un nouveau projet pour la prochaine visite des parents, le 5 août. ¡Hasta pronto!

Crédit photo: Marie-France Auger


Un extrait de El nino y la boda!




samedi 23 juin 2012

18 juin – Jour 15



Notre maison! (crédit: Élyse)
L’air est bon. Il s’alourdit souvent avant de se délester de quelques averses, mais on respire bien dans cette petite vallée. Le temps s’écoule doucement, ponctué du beuglement des vaches, du chant des coqs et des oiseaux, puis du cri des salamandres (je ne sais pas s’il s’agit véritablement de salamandres et si on peut appeler ça un cri, mais il est certain que ces petits reptiles émettent un son particulier… Comme une série de gros becs mouillés!) Il y a certes des soirs où je préférerais m’épargner les basses fréquences qui nous parviennent du village, appuyant des rythmes reggaeton, mais après tout, il nous faut bien un rappel culturel! Surtout depuis notre bulle qui semble isolée du reste du monde…

À gauche, le dortoir des garçons, et à droite, le comedor. Chaque
matin, quelques enfants nous attendent les bras ouverts au pied
du sentier qu'Éliane descend. (crédit: Élyse)
L’environnement paisible permet presque d’oublier les violences qui tourmentent le pays, mais il ne suffit que de sonder le passé des jeunes pour voir autrement. J’ai l’impression que les multiples cicatrices sillonnant leur corps ne sont qu’une pâle esquisse des blessures que ces enfants portent. Les fois où, discutant avec un enfant, j’ai entrouvert une porte dérobant l’accès au passé, les mots se sont fait rares, la douleur, tangible, et les émotions, poignantes.

Fernandito et Angel, par une journée torrentielle
(crédit: Marie-France)
La semaine dernière nous permit notamment d’observer l’apogée sentimental chez les petits. Il s’agissait de l’une des rares occasions dans l’année où les enfants pouvaient aller passer quelques jours dans leur famille. Certains, les yeux brillants, nous confiaient leur hâte de voir enfin leurs parents, frères et sœurs. D’autres affichaient un enthousiasme plus mitigé, atténué par leurs craintes de refaire face à certaines réalités. Mais le plus troublant fut certainement de lire l’affliction dans le regard de ceux qui ne pouvaient aller rejoindre les leurs, faute d’avoir un parent s’étant manifesté pour les prendre en charge. Presser sur son coeur un enfant qui pleure son abandon est l’une des choses les plus bouleversantes qu’il me fut donné de vivre. On éprouve une telle impuissance devant l’inconsolable…

Or, la plupart d’entre eux sont encore des enfants. Les enfants ont cette faculté salutaire d’émettre les fous rires les plus sincères quelques minutes après avoir épuisé leurs larmes. Et bien qu’ils n’oublient pas, la part d’adulte en eux a déjà appris à se relever suite aux chocs subis. L’apprentissage aux côtés de ces petits hommes n’a de cesse!


Mes six adorables camarades, en pleine
dégustation de l'ananas du dimanche!
Ma tronche d'épanouie (crédit: Élyse)









samedi 16 juin 2012

11 juin - Jour 8


Déjà une semaine. Ou un mois? Une fois au lit, les événements de la matinée semblent s'être produits quelques jours auparavant. Notre première semaine fut allouée aux observations et à la rencontre des enfants. Leurs journées sont réglées seront un horaire précis et des règles bien établies:

5h- Certains se lèvent pour les corvées matinales comme la traite des vaches.
6h- Tous se lèvent
7h- Petit déjeuner (incluant souvent des frijoles... au grand dam de notre estomac!)
8h- Heure de la classe
12h- Dîner (incluant aussi souvent des frijoles...)
13h- Ateliers: boulangerie, menuiserie, travaux d'entretien, agriculture, artisanat.
15h- Ateliers spirituels certains jours, ou sinon un temps libre souvent meublé d'une partie féroce de futból
17h- Souper (comprenant fréquemment des frijoles...)
18h- Travaux scolaires
19h- Temps libre
21h- Coucher

De plus, au fil de la journée, chaque enfant assume certaines responsabilités qui contribuent au bon fonctionnement du Hogar (surveiller les vaches, veiller à ce que les oiseaux ne mangent pas les poissons, vendre du pain à la Colonia de Divina Providencia, etc).

Nous nous sommes donc insinuées dans leur routine, observant le déroulement de leurs classes, donnant un coup de main dans leurs ateliers, discutant avec eux pendant les repas et jouant dès qu'ils n'étaient plus affairés par leur besogne. Les nombreux moment passés avec un ou plusieurs enfants s’enfilent rapidement en un chapelet de souvenirs. D'où l'impression d'avoir séjourné ici une éternité.

Je commence ainsi à mieux connaître les 42 petits hommes. Après trois jours, j'arrivais enfin à tous les nommer et à saisir un peu mieux la personnalité de certains, surtout les plus dégourdis qui n'hésitaient pas à nous aborder. Or, nous étions si souvent submergées par le torrent d'attention qui nous provenait de ceux-ci, qu'il m'en fallut davantage pour connaître ceux à la mine plus effacée. Mais l'énervement suscité par notre arrivée finit enfin par s'atténuer et je trouvai le souffle pour approcher ceux qui lorgnaient de loin nos échanges avec envie. Il ne s'agissait souvent que de tendre un bras, poser une question ou donner la chance de participer à un jeu comme les autres pour qu'ils ne m'enveloppent à leur tour d'une étreinte chaleureuse et qu'ils ne manifestent l'envie d'échanger.

Notre présence sortant désormais moins de l'ordinaire, certaines problématiques ressortent plus visiblement, telles que la violence entre les enfants, les problèmes de comportement, les difficultés d'apprentissage, ou les troubles de langage.  Lors de notre seconde réunion avec le personnel du Hogar,  nous avons pu rapporter nos observations et présenter diverses propositions quant à la forme que le projet pourrait avoir. Don José nous a exhortées en faisant remarquer que ces problèmes observés formaient justement la raison d'être du projet et du Hogar même.

Nous voici donc prêtes à entamer cette semaine-chantier pendant laquelle nous définirons plus concrètement les bases du projet et ferons une entrée en matière avec les enfants.

P.S. J'essaierai d'ajouter des photos le plus vite possible!     

jeudi 14 juin 2012

4 juin - Jour 1


Après un atterissage bien corsé dans la moiteur de Tegucigalpa, notre groupe de six jeunes femmes dégoulinantes se voit enchanté de repérer à l'aéroport le sourire familier de Marie-France et de faire enfin la rencontre du bien sympathique Don José, le directeur du Hogar. En fin d'après-midi, nous nous éloignons de la capitale en minibus.

Une nervosité subtile semble poindre dans le minibus alors que nous approchons du Hogar. Nous trépignons toutes de voir enfin cet endroit et de connaître ces fameux petits. Puis ça y est. Après avoir emprunté quelques petits chemins de campagne, nous longeons un terrain de foot sur lequel on aperçoit un enfant s'immobiliser, suivant notre véhicule du regard. Puis, un autre fait de même un peu plus loin. Don José nous le confirme: nous sommes bien arrivés. D'autres petits affluent et nous suivent à grands pas. Aussitôt la porte entrouverte, une vague d'enfants déferle et nous engloutit sous les étreintes, nous inonde de questions et nous éclabousse de sourires. Le trop-plein d'émotions ne tarde pas à s'écouler aux coins de mes yeux déjà embrumés par la fatigue.

Je ne m'étais nullement préparée à ça... Je pensais devoir apprivoiser fastidieusement une bande de petits hommes farouches et timides, mais je me trouve déjà subjuguée de voir leur coeur qui nous est grand ouvert, irradiant de bonne humeur et d'amour. Far out. Les gamins se ruent sur nos bagages pour les coltiner, prêts à porter une charge équivalant presque leur poids.

Avec entrain, ils nous guident jusqu'au petit nid qu'ils ont préparé pour nous. Notre maison est parfaitement fonctionnelle grâce à leurs efforts déployés durant la semaine pour rétablir l'électricité, nettoyer, installer nos lits et les vêtir de draps on ne peut plus neufs. Ils sont fiers de tout nous montrer. Dès qu'ils ont quitté les lieux pour nous laisser nous installer, nous échangeons toutes un regard avant que ne fusent les rires et les exclamations: nous croulons sous le charme de ces petits, et l'on peut déjà prédire que nous ne tarderons pas à éprouver un fort sentiment d'attachement pour eux. Reste à voir comment évoluera la situation... C'est à suivre!

mercredi 24 août 2011

Derniers instants les pieds au sud...

Voilà... La fin s'annonce. Dur à croire. Je ressens l'impression que c'était hier, ce jour où j'ai quitté le froid montréalais pour rejoindre la chaleur et la moiteur de Buenos Aires. Et pourtant, tant de grains se sont écoulés dans le sablier ... J'ai certainement changé aussi... Comment? Hum, dur à cerner. Le constat s'imposera sans doute mieux une fois revenue à la vie d'avant.

Les derniers jours à Buenos Aires furent meublés d'une pagaille d'émotions...

Le vague à l'âme de connaître l'apogée de mon dernier voyage et ses aventures,
L'enthousiasme fébrile de vivre à nouveau le changement,
L'appréhension du travail qui m'attend à la maîtrise,
La nostalgie en attachant mon regard une dernière fois sur la ville,
Le bonheur à l'idée de revoir et de serrer bien fort dans mes bras ma famille et mes amis,
La tristesse des adieux à tous ceux qui m'ont été chers ici...

Après un mois de voyage dans le nord, je suis déjà moins porteña... Je ne me souviens plus du nom de toutes les rues... J'ai perdu la cadence de la ville et son quotidien... Néanmoins, je suis chez moi, je n'ai plus aucun sentiment d'être étrangère. J'ai la sensation de m'être fondue à ce petit monde, d'y être bien encastrée. Je parcours la ville, mais j'ai du mal à réaliser que c'est la dernière fois.

Et puis, il y a la dernière bière, le dernier café, la dernière ballade, la dernière sortie avec telle ou tel ami. Dès qu'on est plus de deux, c'est plus fort que moi, je décroche un peu de la conversation, puis mon esprit s'embrume, observe depuis l'extérieur et songe: «Ça, ça va me manquer» ou plutôt "Eso, lo voy a extrañar".