jeudi 28 juillet 2011

Semana 17

Quelle belle incursion dans l'univers chilien! Une expérience humaine incroyablement riche, sur fond de paysages majestueux, que ce soit les vignobles logés au creux de sommets enneigés, ou la mer habitée de ses embarcations.

J'ai d'abord passé quelques temps à Santiago à errer en vraie touriste. Le dernier jour passé dans la capitale, je l'ai consommé à force de sueur en montant le cerro Pachoco avec quelques Chiliens. Que 1 800 mètres me disaient-ils... À défaut d'avoir exercé mon fameux potentiel musculaire les derniers mois, je me suis vue rudement mise à l'épreuve lorsqu'il fallu redescendre un soit-disant sentier, dans lequel je perdais pied à chaque instant sur le sol sec et dérapant. Mais l'expérience en valait certainement les courbatures!

Ensuite, je suis demeurée une semaine à Valparaiso, alors que j'avais prévu n'y séjourner que deux journées. Tout d'abord, j'ai allongé ma visite parce que mes hôtes m'ont convaincue d'en faire autant, et par la suite, je ne pouvais littéralement plus sortir, car la route des Andes était bloquée pour des raisons climatiques.

Bien honnêtement, ça ne m'a pas trop dérangée d'être coincée ainsi dans la ville portuaire. Valparaiso a tout pour plaire: de vieilles bicoques en tôle colorée nichées sur les collines; des marchés où chacun crie pour vendre ses fruits de mer ou ses légumes au meilleur prix (il y avait même un marchand qui avait posté un homme au micro pour annoncer les prix!); des funiculaires bien antiques vous élevant à de superbes points de vue de la ville d'où effusent le chant des coqs et les sirènes des bateaux; des fresques ornant les dédales des rues tortueuses, comme si l'on se trouvait sur le terrain de jeux grandeur nature d'artistes-peintres; une vie culturelle qui s'épanouit de façon subtile, légèrement cachée, mais bien dynamique... Puis on y retrouve la tranquilité, le charme et la convivialité de la campagne, tout en étant dans un centre urbain important. Bref, une ville à faire rêver!
 
Par ailleurs, j'ai eu la chance d'assister au déchaînement des passions liées à deux thèmes différents. Le premier, est redondant en Amérique latine comme il peut l'être en Europe, mais il n'en demeure pas moins spectaculaire pour les amateurs de hockey relativement tranquilles que "nous" sommes: il s'agit bien de l'enthousiasme grandiloquent pour le futbol, particulièrement dans le contexte de la Copa América. Avant chaque match, on sent une excitation extrême dans les rues où l'on se presse parmi les vendeurs de multiples articles prévus pour afficher les couleurs nationales ou simplement pour faire du bruit. Puis, premier contraste: lorsqu'a commencé la partie, les rues sont entièrement désertes, on n'y entend que la rumeur de tous les téléviseurs. Jusqu'à ce que retentisse le fameux "Goooooooooooool!!!!!" et ça y est, la ville se réanime sous un vacarme de klaxons, et une foule mue par l'envie de célébrer envahit les rues. Ainsi, le restant de la soirée, on se surprend à sourir franchement à chaque personne que l'on croise: tout le monde est content, et c'est joli que de palper ce sentiment de bonheur collectif tout simple, mais précieux. 

C-H-I, CHI! L-E, CHE! CHICHICHI, LELELE, VIVA CHILE!!

L'autre thème en est un plus profond et plus complexe: la révolte populaire. Avec Piñera à la tête du gouvernement, le Chili est le théâtre de nombreuses manifestations, très accourues, qui se terminent lamentablement de façon violente. J'ai quand même pu observer le segment plus serein de l'événement. Deux mouvements ont uni leurs voix lors de la manifestation monstre dont j'ai été témoin. D'un côté, il y avait la masse étudiante, qui fait la grève depuis quelques temps déjà, réclamant une éducation gratuite, car l'éducation chilienne serait l'une des plus dispendieuses au monde. Et de l'autre côté, étaient réunis une panoplie d'associations syndicales et autres, voulant protester contre le projet gouvernemental de privatisation du port et la répartition injuste des richesses (problème universel, je l'admets, mais particulièrement saisissant dans cette nation qui ne manque certes pas de richesses, et qui pourtant souffre énormément de la pauvreté). Enfin, ce fut émouvant de voir tant de gens, jeunes et moins jeunes, se rassembler, participer et s'affirmer de manière créative.

¿SI ÉSTE NO ES EL PUEBLO, EL PUEBLO DÓNDE ESTÁ? EL PUEBLO ESTÁ EN LA CALLE, PIDIENDO LIBERTAD! 

P.S. À défaut d'avoir une connexion appropriée pour télécharger des photos en ce moment, vous pouvez copier le lien suivant pour accéder à mon album Facebook si vous ne l'avez pas vu, puis je publierai quelques autres photos du Chili dans un prochain message. Bisou à tous! 
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