mercredi 25 juillet 2012

23 juillet – Jour 50



Moi qui gambade sur la plage à Triunfo de la Cruz!
Crédit: Élyse Brodeur-Magna
Lecture sous les palmiers, balades sur la plage déserte, baignade dans les vagues chaudes, roupillons calés dans un hamac, bâfrées de fruits de mer et riz à la noix de coco… Ça fait rêver, non? On avait du mal à y croire, mais ça résume bel et bien notre semaine de vacances hors de notre communauté d’accueil et loin des hordes de touristes. Nous nous préparions à séjourner dans deux villages côtiers avec l’intention louable d’explorer la région, mais nous n’avons pas tardé à embrasser le rythme local : l’art d’être cool et relax à son apogée. Il y avait longtemps que je ne m’étais offert une telle oisiveté. S’y est ajouté le bonheur de rencontrer un contraste culturel étonnant au sein d’un même pays; le peuple garifuna est vrai, chaleureux, décontracté et riche d’une identité ancestrale distincte. D’ailleurs, il évoque très bien l’idée que je me fais du continent africain.

Nous sommes descendues en flottant de notre nuage pour retrouver notre bande de petits garnements. Ouf… Pour être franche le retour au Hogar ne fut pas tout de repos!

En répétition avec le nouveau groupe
Crédit: Andréann Lahaie
Tout d’abord nous en étions à effectuer l’échange entre nos deux groupes de jeunes. En théâtre, cela impliquait  de recommencer à neuf avec, cette fois, aucun projet sur lequel s’appuyer. La première phase du processus de création peut parfois tourmenter autant qu’exalter. C’est bon sentir qu’on détient les rênes, qu’on est libre d’aller où bon nous semble. Mais ça provoque également le vertige que de choisir les éléments qui sous-tendront les trois prochaines semaines de travail, surtout lorsqu’on souhaite que les enfants s’approprient suffisamment le projet pour qu’il perdure malgré notre départ. En d’autres mots, tu veux pas manquer ta shot!

Parallèlement, plusieurs d’entre nous ont traversé des épisodes agrémentés d’un ensemble de symptômes sympathiques (nausées, étourdissements, problèmes de digestion, migraines…) vraisemblablement attribuables à notre médication antipaludéenne. Le tout fut couronné par la surprise réjouissante d’apprendre que la pompe du village était kaput et que nous serions ainsi privées de l’arrivée d’eau déjà rare et arbitraire. Je vous épargnerai les détails, mais vous pouvez vous figurer le moral de nos troupes qui doivent économiser le peu d’eau qu’il nous reste, au moment précis où la moitié d’entre nous sont aux prises avec des turbulences gastriques…

Enfin, il y avait l’effet incontournable du trois-quarts. Selon ma théorie que j’ai fondée sur des constantes observées au fil d’expériences très poussées, le troisième quart d’un séjour à l’étranger serait généralement le plus éprouvant. C’est là qu’on est plus susceptible de lassitude, de nostalgie et d’abattement. Ajoutez les facteurs susmentionnés et vous récoltez l’effet trois-quarts à son zénith! Mais tout est bien qui finit bien puisque nous entrons maintenant dans le dernier quart, soit l’un des trois meilleurs!!...

Pour ma part, j’ai effectivement repris du poil de la bête et nos nouveaux projets en théâtre m’enthousiasment malgré les difficultés qu’ils comportent. Nous préparons une courte pièce intégrant les marionnettes que les jeunes ont conçues lors d’une activité du volet « Arts visuels », en plus d’une interprétation imagée du poème d’Alfonso Guillén Zelaya, Lo esencial. Par ailleurs, nous avons consenti à suivre quelques leçons de danse folklorique afin que nos petits hommes aient l’opportunité d’apprendre les pas avec des partenaires.

Je vous laisse sur quelques photos magnifiques prises par Élyse le 20 juillet, Día de Lempira, une fête honorant le héros indigène de l’histoire hondurienne.  

Concours de costumes
Josué













Rolando, qu'on a élu comme grand gagnant!
Emerson


dimanche 8 juillet 2012

7 juillet – Jour 34


Chaîne de rires! 

Nous en sommes déjà à conclure la première moitié de notre stage. Après notre semaine d’observation, nous avons disposé de quatre semaines pour tout d’abord nous doter d’une structure de travail, puis initier les enfants à différentes formes d’expression artistique, élaborer avec eux certaines œuvres, puis réaliser d’autres projets tels que l’aide aux devoirs et la collecte de témoignages pour un projet éducatif québécois sur les droits des enfants au Honduras.

Pour la participation aux activités artistiques, nous avons divisé l’ensemble des enfants en deux sous-groupes : l’un en arts visuels et l’autre en arts de la scène. Puis, pour l’animation, nous avons réparti notre équipe selon nos intérêts et notre expertise. Je fus désignée responsable du volet arts de la scène, bénéficiant toujours de l’aide d’une ou deux autres stagiaires.

Nous avons tiré profit du nombre infime d’heures allouées à nos activités pour déployer un éventail d’exercices axés sur les objectifs formulés par le Hogar, soit que les enfants puissent se réaliser par l’art, augmenter leur degré de confiance en eux, apprendre à régler les conflits sans violence et développer un sentiment d’appartenance au groupe. Aussi, nous devions monter un court spectacle de même qu’une exposition en prévision du 27e anniversaire du Hogar, le 1er juillet. Bref, pas le moindre des défis.

Enregistrement de la nouvelle version de la chanson
El mamut
Du côté des arts de la scène, nous avions heureusement une matière première à façonner. En effet, à notre arrivée, les enfants nous avaient présenté une danse typique, la punta, et trois saynètes sur fond musical. Nous avons sélectionné deux d’entre elles, soit El niño y la boda, puis El Mamùt. Dans la première chanson, un enfant laisse sa mère mourante pour découvrir que son père se remarie avec une autre femme, et dans la deuxième, un mammouth s’initie à divers vices grâce à ses amis, pour se farcir ensuite un cancer, une cirrhose, le sida et mourir d’une overdose de cocaïne… (Je crois qu’on sous-estime la latitude jusqu’à laquelle s’est propagé le concept d’happy end…)   Nous avons donc réussi miraculeusement à enchâsser l’une des pièces dans l’autre, à inclure davantage de personnages, à insuffler une dose de dynamisme à la mise en scène et à ajouter une portion POSITIVE à l’histoire.

L'une des petites danseuses folkloriques
du village paradant devant
l'exposition, le jour du spectacle
Il va sans dire que nous avons subi notre lot de découragements, de doutes et d’épuisements, mais nous avons survécu et vaincu! Le 1er juillet, 240 personnes se sont présentées au Hogar pour célébrer l’anniversaire, et ce fut la plus belle des récompenses que de constater comment la pièce revisitée et l’exposition furent accueillies chaleureusement par le public, satisfirent l’équipe du Hogar et surtout, furent source de fierté pour les enfants.

Nous avons maintenant droit à une semaine de repos bien méritée. Nous en profiterons pour faire le point et le plein d’énergie avant de revenir dans la communauté et de recommencer à neuf, puisqu’on inversera alors les deux groupes et qu’on devra monter un nouveau projet pour la prochaine visite des parents, le 5 août. ¡Hasta pronto!

Crédit photo: Marie-France Auger


Un extrait de El nino y la boda!