mercredi 24 août 2011

Derniers instants les pieds au sud...

Voilà... La fin s'annonce. Dur à croire. Je ressens l'impression que c'était hier, ce jour où j'ai quitté le froid montréalais pour rejoindre la chaleur et la moiteur de Buenos Aires. Et pourtant, tant de grains se sont écoulés dans le sablier ... J'ai certainement changé aussi... Comment? Hum, dur à cerner. Le constat s'imposera sans doute mieux une fois revenue à la vie d'avant.

Les derniers jours à Buenos Aires furent meublés d'une pagaille d'émotions...

Le vague à l'âme de connaître l'apogée de mon dernier voyage et ses aventures,
L'enthousiasme fébrile de vivre à nouveau le changement,
L'appréhension du travail qui m'attend à la maîtrise,
La nostalgie en attachant mon regard une dernière fois sur la ville,
Le bonheur à l'idée de revoir et de serrer bien fort dans mes bras ma famille et mes amis,
La tristesse des adieux à tous ceux qui m'ont été chers ici...

Après un mois de voyage dans le nord, je suis déjà moins porteña... Je ne me souviens plus du nom de toutes les rues... J'ai perdu la cadence de la ville et son quotidien... Néanmoins, je suis chez moi, je n'ai plus aucun sentiment d'être étrangère. J'ai la sensation de m'être fondue à ce petit monde, d'y être bien encastrée. Je parcours la ville, mais j'ai du mal à réaliser que c'est la dernière fois.

Et puis, il y a la dernière bière, le dernier café, la dernière ballade, la dernière sortie avec telle ou tel ami. Dès qu'on est plus de deux, c'est plus fort que moi, je décroche un peu de la conversation, puis mon esprit s'embrume, observe depuis l'extérieur et songe: «Ça, ça va me manquer» ou plutôt "Eso, lo voy a extrañar".





dimanche 21 août 2011

Quelques photos du Chili...

Cliquez pour voir le détail...



Ascension du Pochoco

Museo a cielo abierto 



Les couleurs de Valparaiso



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jeudi 28 juillet 2011

Semana 17

Quelle belle incursion dans l'univers chilien! Une expérience humaine incroyablement riche, sur fond de paysages majestueux, que ce soit les vignobles logés au creux de sommets enneigés, ou la mer habitée de ses embarcations.

J'ai d'abord passé quelques temps à Santiago à errer en vraie touriste. Le dernier jour passé dans la capitale, je l'ai consommé à force de sueur en montant le cerro Pachoco avec quelques Chiliens. Que 1 800 mètres me disaient-ils... À défaut d'avoir exercé mon fameux potentiel musculaire les derniers mois, je me suis vue rudement mise à l'épreuve lorsqu'il fallu redescendre un soit-disant sentier, dans lequel je perdais pied à chaque instant sur le sol sec et dérapant. Mais l'expérience en valait certainement les courbatures!

Ensuite, je suis demeurée une semaine à Valparaiso, alors que j'avais prévu n'y séjourner que deux journées. Tout d'abord, j'ai allongé ma visite parce que mes hôtes m'ont convaincue d'en faire autant, et par la suite, je ne pouvais littéralement plus sortir, car la route des Andes était bloquée pour des raisons climatiques.

Bien honnêtement, ça ne m'a pas trop dérangée d'être coincée ainsi dans la ville portuaire. Valparaiso a tout pour plaire: de vieilles bicoques en tôle colorée nichées sur les collines; des marchés où chacun crie pour vendre ses fruits de mer ou ses légumes au meilleur prix (il y avait même un marchand qui avait posté un homme au micro pour annoncer les prix!); des funiculaires bien antiques vous élevant à de superbes points de vue de la ville d'où effusent le chant des coqs et les sirènes des bateaux; des fresques ornant les dédales des rues tortueuses, comme si l'on se trouvait sur le terrain de jeux grandeur nature d'artistes-peintres; une vie culturelle qui s'épanouit de façon subtile, légèrement cachée, mais bien dynamique... Puis on y retrouve la tranquilité, le charme et la convivialité de la campagne, tout en étant dans un centre urbain important. Bref, une ville à faire rêver!
 
Par ailleurs, j'ai eu la chance d'assister au déchaînement des passions liées à deux thèmes différents. Le premier, est redondant en Amérique latine comme il peut l'être en Europe, mais il n'en demeure pas moins spectaculaire pour les amateurs de hockey relativement tranquilles que "nous" sommes: il s'agit bien de l'enthousiasme grandiloquent pour le futbol, particulièrement dans le contexte de la Copa América. Avant chaque match, on sent une excitation extrême dans les rues où l'on se presse parmi les vendeurs de multiples articles prévus pour afficher les couleurs nationales ou simplement pour faire du bruit. Puis, premier contraste: lorsqu'a commencé la partie, les rues sont entièrement désertes, on n'y entend que la rumeur de tous les téléviseurs. Jusqu'à ce que retentisse le fameux "Goooooooooooool!!!!!" et ça y est, la ville se réanime sous un vacarme de klaxons, et une foule mue par l'envie de célébrer envahit les rues. Ainsi, le restant de la soirée, on se surprend à sourir franchement à chaque personne que l'on croise: tout le monde est content, et c'est joli que de palper ce sentiment de bonheur collectif tout simple, mais précieux. 

C-H-I, CHI! L-E, CHE! CHICHICHI, LELELE, VIVA CHILE!!

L'autre thème en est un plus profond et plus complexe: la révolte populaire. Avec Piñera à la tête du gouvernement, le Chili est le théâtre de nombreuses manifestations, très accourues, qui se terminent lamentablement de façon violente. J'ai quand même pu observer le segment plus serein de l'événement. Deux mouvements ont uni leurs voix lors de la manifestation monstre dont j'ai été témoin. D'un côté, il y avait la masse étudiante, qui fait la grève depuis quelques temps déjà, réclamant une éducation gratuite, car l'éducation chilienne serait l'une des plus dispendieuses au monde. Et de l'autre côté, étaient réunis une panoplie d'associations syndicales et autres, voulant protester contre le projet gouvernemental de privatisation du port et la répartition injuste des richesses (problème universel, je l'admets, mais particulièrement saisissant dans cette nation qui ne manque certes pas de richesses, et qui pourtant souffre énormément de la pauvreté). Enfin, ce fut émouvant de voir tant de gens, jeunes et moins jeunes, se rassembler, participer et s'affirmer de manière créative.

¿SI ÉSTE NO ES EL PUEBLO, EL PUEBLO DÓNDE ESTÁ? EL PUEBLO ESTÁ EN LA CALLE, PIDIENDO LIBERTAD! 

P.S. À défaut d'avoir une connexion appropriée pour télécharger des photos en ce moment, vous pouvez copier le lien suivant pour accéder à mon album Facebook si vous ne l'avez pas vu, puis je publierai quelques autres photos du Chili dans un prochain message. Bisou à tous! 
https://www.facebook.com/media/set/?set=a.10150706282960117.705153.818290116&l=2a5363c96b&type=1


lundi 23 mai 2011

Semana 8

À la fin avril, j'ai reçu une belle surprise, soit la visite de mon papa!
Le vieil homme et la mer ( ben non, papa... t'es pas
si vieux!) Mar del Plata 
Mon père est un voyageur du type observateur: il aime prendre le pouls d'un pays, se balader dans les rues et ressentir la dynamique socio-culturelle. Ce fut un réel plaisir pour moi de partager avec lui certains aspects de la vie argentine, puis de l'accompagner et de réveiller un peu mes sens de voyageuse qui s'en étaient allés hiberner dans la mesure où je ne vivais plus Buenos Aires tant comme spectatrice que comme étudiante bien affairée. Et bien sûr, en plus de me voir archi-gâtée pour mon anniversaire, je me suis trouvée nourrie et réconfortée par la présence d'un être proche que j'aime tant. S'il est bon de quitter son chez-soi et de s'éloigner de l'univers dans lequel on évolue depuis toujours, il est parfois difficile d'atterrir à long terme dans un lieu où l'on ne dispose d'aucune assise. Il m'est donc arrivé de ressentir l'isolement, aussi bien entourée puissé-je être. Reprendre contact avec ses racines apporte ainsi son lot de contentement... et de nostalgie quand tout se termine! haha! Mais soyez sans crainte, c'est une belle nostalgie, qui fera en sorte que je saurai jouir pleinement de ces moments simples vécus avec les gens qui m'entourent à mon retour!  
Miramar


Agrandissez l'image: si vous regardez de près, vous
verrez un des kitesurfers planant quelques mètres
au-dessus des vagues!


Miramar

Miramar

Miramar
Mar del Plata


Mar del Plata

Mar del Plata

Mar del Plata

Aperçu de la ville depuis le calme de la Reserva
Costanera Sur - Buenos Aires

Reserva Costanera Sur - Buenos Aires
Enfin réunies! héhé

dimanche 8 mai 2011

Semana 7

Retiro, le 20 avril, 20h. Le terminus d’autobus principal de Buenos Aires est un désordre total. La semana santa est synonyme en ces lieux d’agitation extrême : les voyageurs se pressent aux centaines de comptoirs des multiples compagnies de transport avant d’inonder les quais, véritables avenues dans une ville d’autobus. Après être parvenus non sans peine à décoder les indications crachées sur la foule par les haut-parleurs (et je suis accompagnée d'hispanophones, hein!), on se fraie un chemin à force de coups de coudes et d’écrasement d’orteils (¡Disculpa!) jusqu’à notre omnibus. On entre alors dans une bulle à deux étages d’où l’on observe le chaos extérieur.

Dans les fenêtres, en caractères minuscules, figure un avertissement dont voici une traduction approximative à défaut d’avoir gardé le témoignage de ma caméra : « Afin d’éviter toute lésion causée par des roches lancées aux fenêtres, les passagers sont priés de fermer les rideaux lorsque le véhicule circule dans une zone peuplée. » Ah! Mais quelle amabilité de nous rappeler que peuple est synonyme de danger!

« ¿Vino tinto o blanco? », nous demande notre gentil hôte, puis nous bonappétisons. « ¿Champagne?», puis nous bonnenuisons.

À mon réveil, je jette un coup d’œil derrière les rideaux protecteurs des dangereux villageois : nous longeons une forêt qui pourrait tout aussi bien être lanaudoise. Or, je me rends vite à l’évidence quand j’aperçois des voitures maculées de cernes rougeâtres (la terre est égale à celle de l’Î.-P.-É.!), des vaches qui broutent entre des palmiers et des champs de citronniers : je me trouve bel et bien dans l’autre hémisphère, me rapprochant lentement de l’Équateur.

*****

La jungle… Depuis l’enfance, ça me fait rêver. Un univers mythique, presque un personnage en soi dans les histoires pour enfants ou les récits d’aventure. Eh bien, c’était prévisible : j’ai adoré! Bah, avec tous les sentiers proprets, le petit train qui balade les touristes d’une station à l’autre et les petits bateaux qui combattent les tourbillons au pied des chutes pour ceux qui cherchent à vivre des émotions fortes, c’est une jungle un peu trop bondée et domestiquée pour que ce soit une expérience authentique de la selva, mais c’est tout de même plus près de l’être qu’une visite au Biodôme! 

Des effluves intrigantes s’imposent à l'odorat, les impatientes poussent comme des pissenlits, des nuées de papillons de toutes les couleurs nous chatouillent les mains, une tortue et des iguanes se prélassent au soleil, une gigantesque araignée est aux aguets dans ses filets postés sous la passerelle, et un singe nous jette des pelures dans sa hâte de pouvoir manger son orange. Bref, la nature nous en met plein la vue! Et le clou du spectacle : les grandioses cataratas. Notre randonnée est ponctuée d’une multitude de panoramas, chaque nouvelle perspective sur les avalanches de torrents étant plus magique que la précédente, et toujours auréolée d’arcs-en-ciel. Seul bémol (auquel nous nous attendions), c’est une journée d’achalandage extrême, et par conséquent, les belvédères les plus généreux sont plus que combles. Lorsqu’on atteint de peine et de misère le garde-fou, impossible d’y rester plus qu’une minute et de s’imprégner convenablement de l’ambiance mystérieuse que nous offre le paysage, car les autres poussent derrière.

*****

Après notre journée exotique, Marta et moi avons tenté de planifier notre programme du lendemain. Nous prenons conscience qu'à moins de ne connaître personnellement quelqu’un du coin, il s’avère plutôt compliqué de sortir du tourisme de masse. Il est difficile de se renseigner sur les circuits alternatifs et les possibilités sont limitées en termes de transport. C'est un triste constat car, structuré ainsi, le tourisme profite principalement à une poignées de grandes entreprises sans que les bénéfices ne soient justement répartis dans la communauté. Dépitées et fatiguées d’avoir parcouru la ville d’un centre d’information à l’autre, on est agréablement surprises lorsqu'on se met à discuter avec le tenancier de l’auberge de Marta et Pablo; il nous parle d’une option intéressante, soit partir en balade équestre jusqu’à un village guarani. Marta fond sur place, VENDU!

Malheureusement, notre superbe plan est tombé à l’eau, littéralement : tempête tropicale. Lors de ma dernière journée, j’ai donc déambulé dans le village, détrempée jusqu’aux os, essayant d’imprimer dans ma mémoire l’image des rues bombardées de pamplemousses, avocats, bananes, limes et mangues par la faute des fortes rafales de vent et de pluie.

lundi 21 mars 2011

Semana 2 (y media...)

Belgrano-Chacarita
Mamá, ¿los autos son seres que atacan al hombre para defenderse de qué?


Les histoires de Mafalda font parfois allusion à la pollution et à la présence agressive de l'auto en ville. Buenos Aires est en effet un lieu considérablement pollué, entre autres parce que la pensée écologiste tarde à s'installer dans les moeurs. Par exemple, les infrastructures permettant le recyclage sont limitées. Toutefois, l'achat d'objets usagés me semble être plus coutumier qu'en Amérique du Nord. Et si les amas de déchets et le smog font partie du quotidien et que les parcs n'abondent pas (en fait, si, mais ils s'agglomèrent principalement dans la même zone), nombreuses sont les rues où de grands arbres centenaires (surtout des platanes) sous-tendent une toile verdoyante d'où émanent les cris des perroquets. Quant à la circulation routière, j'ai fini par comprendre que les panneaux rouges octogonaux qui portent l'inscription PARE ne sont que décoratifs, puis je me découvre des qualités de yogi quand, en plein trafic, je me trouve dans un taxi qui traverse six voix en moins de six secondes sur l'avenue 9 de Julio.




L'Obélisque, au coeur de l'avenue 9 de julio

L'avenue 9 de Julio est l'artère la plus imposante du centre-ville et ne comporte pas moins de 18 voix. 18... En son centre, se trouve le fameux Obelisco. Achalandée par un lot massif de voitures et d'autobus, la place n'a rien de bucolique, mais elle est heureusement agrémentée de rangées de palos borrachos, des arbres très répandus dans la ville et très fascinants à mon avis. Actuellement en floraison (comme beaucoup d'autres variétés dans la ville), ces arbres arborent de grandes fleurs et produisent de gros fruits dont le contenu fibreux est parfois utilisé pour embourrer les oreillers. Pour résister aux périodes de sécheresse, leur tronc serait gorgé d'eau, ce qui leur donne des formes surprenantes et variées d'un spécimen à l'autre. Enfin, l'écorce est verte pour permettre la photosynthèse une fois les feuilles tombées. Bon, Wikipédia aurait pu vous dire tout ça, mais c'est bien plus intéressant de le lire sur mon blogue, non?
Écorce de palo borracho

Fleurs de palo borracho


Caminito, La Boca

J'ai visité la célèbre rue Caminito dont les maisons de tôle colorée sont connues à travers le monde. Bien franchement, je n'ai pas particulièrement apprécié. C'est presque moins intéressant que de visiter le Vieux-Montréal: c'est joli, riche d'un point de vue historique, mais ultra touristique et aucunement authentique. Et les couleurs m'ont paru moins intenses que sur toutes les images qui vantent l'attraction. Ça m'a laissé une drôle d'impression... Comme si au fil du temps, les flashs photo avaient délavé les couleurs de la tôle... Puis, on fait bien vite le tour, puisque dès qu'on sort du petit périmètre coloré, on tombe dans le vrai quartier de la Boca, celui qui est réellement pauvre et malheureusement dangereux. Même Agostina ne voulait pas y aller si on était seulement trois.

Du reste, je pourrais vous parler de bien d'autres spécifités culturelles que j'ai eu la chance de voir, goûter, sentir et vivre (maté, tango, parilla, etc), mais ce sera pour les prochains récits. De toute façon, bien que j'aie conversé plus en profondeur avec certains Argentins, ma perspective globale demeure extrinsèque. Je reviendrai donc sur certains thèmes quand je les aurai vécus de plus près. Pour l'instant, je vous laisse visualiser une sélection de photos, dont quelques unes qui ont été prises dans la boutique Cualquier Verdura. Alors que nous déambulions au hasard dans les rues de San Telmo, Alex et moi sommes entrés dans la boutique, intrigués par la musique qui y jouait. Ne nous attendant pas à...ça, nous avons visité les lieux et observé la marchandise, puis nous sommes ressortis légèrement pantois, nous demandant si on ne venait pas de rêver!
Cualquier Verdura - Sandra, quand je te ferai une commande pour 
ma première maison, c'est des vitraux comme ça que je veux!

Cualquier Verdura
Sur notre terrasse, Matias préparant le charbon
dans la parilla avec une technique drôlement
minutieuse. Pendant ce temps, moi et Alex scrutions
ses moindres faits et gestes... Je crois qu'il commençait
à craindre un peu pour son honneur de mâle argentin,
mais heureusement pour notre appétit, sa stratégie
s'est avérée efficace!
Cualquier Verdura

Bob! Ça, je l'ai acheté dans un parc en pensant à 
toi: No transar - Organa de Prensa del Partido 
Revolucionario (marxista leninista)

Notre errance clandestine dans le Palacio Barolo


Devant le Palacio del Congreso... Agostina disait
qu'on devait jouer les touristes jusqu'au bout! À noter,
derrière nos deux chers touristes finis, les médaillons
qui encerclent la figure ornementale du portail et
qui symbolisent chacune des VINGT-TROIS (!)
provinces de la République.


Leçon de tango à la milonga La Catedral




mercredi 16 mars 2011

Semana 1

-¡SOY UN CONVENCIDO DE QUE ESTE AÑO QUE VIENE SERA SENCIONAL! 
- ¿Por qué, Felipe? 
-...¡Vos siempre con argumentos para derrumbarle el optimismo a uno!

Puerto Limón
J'ai vécu mes premiers jours portée par l'excitation, la curiosité, la soif, l'étonnement, mais l'humeur fragile. Je me sens l'enthousiasme autant précaire que l'optimisme de Felipe! Je fus une arrivante drôlement contemplative, solitaire et tranquille cette semaine. C'est sans doute l'appréhension. Ce n'est pas tellement la peur des risques liés à la vie urbaine en Amérique latine, quoique après qu'on me l'ait martelé de toutes parts (PRU-DEN-CIA!!!), je sens que ça me coûtera une certaine adaptation avant que la vigilance ne soit une habitude. Mais l'objet de mes craintes provient de l'océan de possibilités à l'horizon, autant d'avenues prometteuses que de détours un peu moins reluisants. L'ensemble de mon séjour pourrait s'avérer extraordinaire, catastrophique, un peu des deux ou ridiculement ordinaire, mais tout dépend de moi. Avec, en ce moment, assez peu d'énergie, je ne sais pas si j'aurai l'aplomb de multiplier les initiatives qui me seraient profitables. Mais au fond...ce n'est qu'un défi de plus... J'aime les défis. :) 

J'ai passé mes deux premières nuits au Puerto Limón, une sympathique auberge située dans le quartier de San Telmo, le supposé berceau du tango. Je n'ai malheureusement pas profité pleinement du quartier, préoccupée par la recherche d'un logement, mais j'ai tout de même passé du bon temps avec les autres voyageurs, surtout des sudacas (Chili, Colombie, Pérou, Brésil...), mais aussi plusieurs Européens.

Chez moi, le hamac pour se prélasser sur notre patio...
Mon logement a le mérite de se trouver dans un quartier tranquille plutôt proche de l'université. Par ailleurs, disons que mes standards de propreté ont baissé d'un cran... Mariano (mon proprio, chic type vivant dans un monde parallèle au nôtre...) a bien ri quand il m'a vue sautiller devant la première coquerelle que je voyais de toute ma vie. Et je ne me fais pas encore aux odeurs, mais ça, c'est généralisé à toute la ville, puisque même les coquets quartiers bourgeois empestent par des jours de telle chaleur. Par contre, j'ai l'immense bonheur d'être tombée sur une perle de coloc: une femme ultra charmante et généreuse qui massacre joyeusement le castellano dans la pure tradition argentine. J'apprends beaucoup! Et on a des bijoux de conversations.