Un coin tranquille sur le site des ruines |
Eh bien voilà.
L’expérience tire à sa fin. Nous avons déjà quitté le Hogar pour Copán, près de
la frontière du Guatemala. Nous avons choisi cette ville pour conclure notre
stage et nous préparer au retour. D'ailleurs, nous en avons profité pour visiter les ruines mayas au passage.
Les deux dernières
semaines au Hogar ont été extrêmement intenses. Bon, j'avoue que le stage au complet était intense. J’assumais la mise en scène du poème Lo
esencial, tandis que ma nouvelle collaboratrice officielle, Andréann,
s’impliquait davantage dans la préparation des deux numéros de marionnettes que
nous avons écrits ensemble. En règle générale, ça s’est bien déroulé avec le
groupe du poème dont les membres étaient assez sérieux au travail. Le défi avec
eux était de repousser les limites de leur timidité. Du côté des marionnettes,
nous avions choisi des jeunes beaucoup plus agités. Ils avaient certes un très
bon potentiel comique, mais c’était du sport que d’éveiller leur intérêt et de
le maintenir suffisamment élevé pour les inciter à s'investir.
La finale du poème, Lo esencial |
Légèrement angoissées en
voyant le temps nous filer les doigts avant le spectacle, nous avons donné tout
ce que nous avions, sachant qu’on n’attendait pas moins qu’un miracle avec ces
jeunes difficiles. Parallèlement, pour la direction artistique, nous avons
entretenu une collaboration très fructueuse avec la mère de deux des enfants,
qui s’impliquait déjà considérablement au Hogar de façon bénévole. Ça nous
permit d’avoir tous les éléments scénographiques prêts à temps.
Et nous avons réussi.
Une de nos deux équipes de marionnettistes |
Une deuxième fois. J
Les interprètes du poème
ont offert une belle présentation (sans trop quêter leurs cues en me regardant du coin de l’œil…), les marionnettistes ont
bien fait rigoler le public et ont illuminé le visage du directeur, Don José,
et enfin, il y eut notre superbe chorégraphie de danse folklorique hondurienne.
C’était une joie immense de recevoir l’étreinte de satisfaction et
d’allégresse de nos jeunes danseurs après la représentation. De plus, j’ai étiré le plaisir les jours suivants en prenant à part chacun de nos
petits comédiens pour les féliciter de leur performance. Quel bonheur ce fut
que de voir leur mine réjouie et rouge de fierté!
Par la suite, nous avons
eu une réunion avec le personnel du Hogar pour évaluer notre projet dans son
ensemble et émettre nos conclusions. Ça nous a procuré un bien fou d’entendre
les bons mots du directeur, de la travailleuse sociale et des éducateurs. Parmi
les réussites soulignées, il y avait notamment la diminution du taux de
violence entre les enfants depuis notre arrivée, puis l’accroissement de leur
estime de soi, de leur créativité et de leur intérêt pour l’art. Don José conclut en disant qu’un tel projet répondait amplement aux besoins exprimés
initialement et confirma ainsi sa pertinence.
Une partie du cuadro de danza del Hogar Diamante! |
La dernière étape était la
plus délicate : celle de l’adieu aux enfants. En partageant leur lieu de
vie, leurs repas, leur routine et en les accompagnant de près au quotidien,
nous avons développé avec eux un lien débordant largement du cadre des
activités artistiques. La rupture à vivre était donc éprouvante autant pour eux
que pour nous. Les derniers jours furent franchement larmoyants. Du mieux
que nous pouvions, nous avons tenté de consoler les plus jeunes comme les plus
vieux, un par un. Inspirée par Dr Seuss qui m’avait été cité antérieurement,
j’aimais bien leur faire voir que, plutôt que d’avoir l’âme en peine parce que
ça se terminait, il valait mieux se réjouir d’avoir vécu cette expérience
et de porter désormais en nous tous ces précieux souvenirs. Chaque fois où j'ai partagé
ces paroles, je fus soulagée de percevoir ensuite une douce accalmie dans les sanglots.
Aaaaaay! Je crois que je vais
terriblement m’ennuyer de ces petits hommes...
Crédit photographique: Marie-France Auger