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Notre maison! (crédit: Élyse) |
L’air est bon.
Il s’alourdit souvent avant de se délester de quelques averses, mais on respire
bien dans cette petite vallée. Le temps s’écoule doucement, ponctué du
beuglement des vaches, du chant des coqs et des oiseaux, puis du cri des
salamandres (je ne sais pas s’il s’agit véritablement de salamandres et si on
peut appeler ça un cri, mais il est certain que ces petits reptiles émettent un
son particulier… Comme une série de gros becs mouillés!) Il y a certes des
soirs où je préférerais m’épargner les basses fréquences qui nous parviennent
du village, appuyant des rythmes reggaeton, mais après tout, il nous faut bien
un rappel culturel! Surtout depuis notre bulle qui semble isolée du reste du
monde…
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À gauche, le dortoir des garçons, et à droite, le comedor. Chaque
matin, quelques enfants nous attendent les bras ouverts au pied
du sentier qu'Éliane descend. (crédit: Élyse) |
L’environnement
paisible permet presque d’oublier les violences qui tourmentent le pays, mais
il ne suffit que de sonder le passé des jeunes pour voir autrement. J’ai
l’impression que les multiples cicatrices sillonnant leur corps ne sont qu’une
pâle esquisse des blessures que ces enfants portent. Les fois où, discutant
avec un enfant, j’ai entrouvert une porte dérobant l’accès au passé, les mots
se sont fait rares, la douleur, tangible, et les émotions, poignantes.
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Fernandito et Angel, par une journée torrentielle (crédit: Marie-France) |
La semaine
dernière nous permit notamment d’observer l’apogée sentimental chez les petits.
Il s’agissait de l’une des rares occasions dans l’année où les enfants
pouvaient aller passer quelques jours dans leur famille. Certains, les yeux
brillants, nous confiaient leur hâte de voir enfin leurs parents, frères et
sœurs. D’autres affichaient un enthousiasme plus mitigé, atténué par leurs
craintes de refaire face à certaines réalités. Mais le plus troublant fut
certainement de lire l’affliction dans le regard de ceux qui ne pouvaient aller
rejoindre les leurs, faute d’avoir un parent s’étant manifesté pour les prendre
en charge. Presser sur son coeur un enfant qui pleure son abandon est l’une des
choses les plus bouleversantes qu’il me fut donné de vivre. On éprouve une
telle impuissance devant l’inconsolable…
Or, la plupart
d’entre eux sont encore des enfants. Les enfants ont cette faculté salutaire
d’émettre les fous rires les plus sincères quelques minutes après avoir épuisé
leurs larmes. Et bien qu’ils n’oublient pas, la part d’adulte en eux a déjà
appris à se relever suite aux chocs subis. L’apprentissage aux côtés de ces
petits hommes n’a de cesse!
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Mes six adorables camarades, en pleine dégustation de l'ananas du dimanche! |
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Ma tronche d'épanouie (crédit: Élyse) |
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